https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Hongrie_histoire/187687 |
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1. DES
ORIGINES À BÉLA III |
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1.1.
PREMIERS PEUPLEMENTS |
Vers
500 avant J.-C., des Illyriens et des Thraces s'installent dans le
territoire qui constituera la Hongrie ; ils sont suivis par des Scythes et des Celtes, en attendant les
Romains, qui, au ier siècle après J.-C., occupent la Transdanubie et en font la
province de Pannonie. |
Un
siècle plus tard, Trajan fait de la Transylvanie le centre de la Dacie ; mais, dès 271, Rome
doit l'abandonner aux Ostrogoths ; en 409, ceux-ci quittent la
Pannonie ; derrière eux s'engouffrent Gépides, Huns, puis Avars. |
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1.2.
LES HONGROIS OU MAGYARS |
Au ixe siècle arrive des steppes
de l'Est une population nomade, originellement établie dans le nord de
l'Oural et dont la langue sera classée dans la famille finno-ougrienne,
les Hongrois,
ou Magyars. Contraints par les Petchenègues à franchir les Carpates, ils s'installent dans le
bassin danubien et, de là, entreprennent des raids, auxquels mettront fin la
défaite du Lechfeld (955) devant l'empereur germanique Otton Ier, tandis que les Byzantins mettent un terme quelques années
plus tard à leurs incursions dans l'Est. |
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1.3.
ÁRPÁD (?-907) ET ÉTIENNE Ier (997-1038) |
Un de
leurs chefs, Árpád,
fonde la dynastie nationale. Un descendant d'Árpád, le duc Géza (972-997), impose sa
domination à toutes les tribus et se fait baptiser avec toute sa famille. Son
fils, Étienne Ier (997-1038), écrase les
révoltes, occupe la Transylvanie. Après avoir fait évangéliser le pays par
des missionnaires italiens, il obtient de Rome une organisation
ecclésiastique indépendante de la Germanie et reçoit du pape
Sylvestre II la couronne royale, qui assure l'indépendance de la Hongrie
(1000). Il disloque les tribus en divisant le domaine royal en comitats ; à sa mort, en
1038, l'État hongrois est né, mais cette mort ouvre une ère anarchique
caractérisée par les guerres de succession et la suzeraineté de l'Empire. |
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1.4.
EXPANSION VERS LES BALKANS |
Cependant
le règne d'André Ier (1047-1060) marque un retour à l'indépendance. L'un des
successeurs de ce roi, Ladislas Ier (1077-1095), conquiert
même la Slavonie, la Croatie et les villes dalmates ; son fils, Kálmán (1095-1116),
poursuit la politique hongroise d'expansion dans les Balkans. Mais Géza II (1141-1162)
doit subir la pression de Byzance. |
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1.5.
BÉLA III (1172-1196) ET LA PREMIÈRE APOGÉE DU ROYAUME HONGROIS |
Bien que porté au trône par
son oncle le basileus Manuel Ier, Béla III (1172-1196)
secoue sa tutelle et, appuyé par le pape, reprend la Dalmatie aux Byzantins.
Son règne marque la première apogée du royaume hongrois, qui atteint 2 millions
d'habitants. Tandis que l'administration se modernise et que l'artisanat
prend son essor, les Cisterciens multiplient les défrichements. |
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2. LES
DERNIERS ÁRPÁD |
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André II (1205-1235), affronté à la féodalité montante, doit
concéder la Bulle d'or (1222), qui exonère d'impôts la petite noblesse et
admet la restriction des privilèges royaux. Béla IV (1235-1270) s'efforce bien de rétablir le pouvoir
royal, mais celui-ci est encore affaibli par une invasion mongole (1241-1242)
qui dépeuple et ravage le pays. Au lendemain de cette épreuve, le royaume se
couvre de châteaux forts. Face aux puissants féodaux, le roi s'appuie sur la
petite noblesse, tandis que les villes se peuplent d'une bourgeoisie active.
En 1301, la mort du dernier Árpád, André III, précipite le morcellement féodal. |
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3. LA
DYNASTIE D'ANJOU-LUXEMBOURG (1205-1437) |
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Contre d'autres prétendants,
c'est finalement Charles Ier Robert, des Anjou de Naples
(1308-1342), qui reçoit en 1308 la couronne de Hongrie avec l'appui du pape
Boniface VIII. Charles Ier Robert raffermit le pouvoir royal ;
la découverte de mines d'or enrichit la bourgeoisie, tandis qu'une
association diplomatique tchéco-polono-hongroise (1335), en stoppant
l'expansion des Habsbourg, permet à la Hongrie de s'accroître de la Bosnie. |
Le
fils de Charles Robert, Louis Ier le Grand (1342-1382), porte de nouveau le royaume hongrois à
l'apogée, réalisant l'union de la Hongrie, de la Croatie, de la Dalmatie et
devenant (1370) roi de Pologne. Mieux, son gendre, Sigismond de Luxembourg (1387-1437),
bien que défait par les Turcs (Nicopolis, 1396), obtient la couronne
impériale (1410) et celle de Bohême (1419), mais il perd la Dalmatie. À
l'intérieur de la Hongrie, il ne peut rien contre l'oligarchie, à laquelle il
essaie d'opposer les villes par lui privilégiées. De 1437 à 1440, une guerre
de succession ravage le pays ; finalement, les Jagellons triomphent. |
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4.
JAGELLONS ET HUNYADI (1440-1526) |
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Ladislas III Jagellon,
roi de Hongrie (1440-1444) sous le nom d'Ulászló Ier, doit confirmer les
droits politiques de la noblesse. Aidé par le Valaque Jean Hunyadi, il
s'avance jusqu'à Sofia, mais il périt à Varna, face aux Turcs, vainqueurs. |
Jean Hunyadi
(→ Hunyadi), régent (1446-1456), stoppe les Turcs devant Belgrade
(1456), mais meurt peu après, laissant un pays bien peuplé (4 millions
d'habitants), prospère, encore que son commerce international soit contrôlé
par les Allemands. |
Après
lui, son fils Mathias Hunyadi, dit Corvin (1458-1490), s'efforce de renforcer la centralisation
et privilégie lui aussi les villes face à l'aristocratie. Il conquiert la
Bohême, la Moravie, la Silésie et s'installe même à Vienne (1485), tout en
maintenant à Buda une cour brillante, foyer européen d'humanisme. Mais son
autorité a été telle qu'à sa mort les magnats écartent son fils pour choisir
le prince le plus faible de l'Europe centrale, Ulászló II Jagellon
(1490-1516), déjà roi de Bohême (sous le nom de Vladislav II), qui perd
tout le terrain gagné par Mathias Corvin : l'oligarchie redevient
maîtresse du pays, la paysannerie se révolte. |
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Le
fils de Vladislav II, Louis II (1516-1526), non seulement ne peut freiner cette
décadence, mais il est battu par Soliman le
Magnifique à Mohács (→ bataille de Mohács, 1526). Il
meurt sans descendance, laissant le pays en proie aux divisions. |
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5. L'EMPRISE DES HABSBOURG ET LA FIN DE L'INDÉPENDANCE (1526-1711) |
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En 1526, Ferdinand de
Habsbourg – frère de Charles Quint – est élu roi de Hongrie
par la diète de Presbourg et devient le maître des parties nord et ouest du
royaume (Hongrie royale), tandis que le parti national de Jean Zápolya conserve
le Centre et l'Est. |
À la
mort de Zápolya (1540), le Sultan occupe Buda et la plaine danubienne, ne
laissant à Jean Sigismond (le fils nouveau-né de Jean Zápolya, roi de 1540 à
1571) que la Transylvanie, qui, en 1556, devient une principauté
indépendante, encore que payant tribut au Sultan. Cependant les Habsbourg
accentuent leur pression : de 1591 à 1606 sévit la guerre de Quinze Ans,
caractérisée par la terreur organisée par l'armée impériale. Finalement, le
soulèvement dirigé par Étienne Bocskai oblige les Habsbourg à reconnaître les
privilèges de la Hongrie royale et de la Transylvanie, où une grande partie
de la population a adhéré à la Réforme. |
Georges Ier Rákóczi, prince de Transylvanie (1630-1648), confirme les libertés
constitutionnelles et religieuses du pays, où la Contre-Réforme, menée par les
Habsbourg, assure le triomphe du catholicisme. |
Mais Georges II
Rákóczi (1648-1660) provoque le mécontentement du Sultan en intervenant
en Pologne ; aussi la Transylvanie perd-elle son indépendance. Privée de
son appui, la Hongrie royale tombe sous le joug des Habsbourg. |
Sous Léopold Ier (empereur de 1658 à 1705), le pays est ravagé par une
véritable guerre civile opposant nobles et paysans au pouvoir central.
L'insurrection s'arrête lors de l'offensive victorieuse de l'armée impériale,
qui permet aux Habsbourg de se débarrasser définitivement des Turcs
(→ paix de Karlowitz, 1699). |
Mais, en 1703, une formidable
insurrection conduite par François II Rákóczi soulève le pays,
qui, en un an, est libéré des Habsbourg. Rákóczi est proclamé prince
souverain (1704), tandis que la Transylvanie, elle aussi, est libérée. En 1707,
le Parlement proclame la déchéance des Habsbourg et l'indépendance de la
Hongrie. |
En
1711 cependant, en l'absence de Rákóczi, le chef de l'aristocratie, Sándor Károlyi, conclut avec les
Habsbourg une paix de compromis qui assure l'amnistie et l'autonomie :
en fait, celle-ci consistera surtout dans le maintien des privilèges d'une
noblesse (magnats) dont l'empereur Charles VI (couronné roi de Hongrie sous le nom de
Charles III) a besoin pour faire reconnaître son autorité. |
Pour en savoir plus, voir
l'article Habsbourg. |
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6. LES
HABSBOURG MAÎTRES DU PAYS (1711-1848) |
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De
1711 à 1740 règne Charles III, qui proclame (1715) l'indivisibilité de
la Hongrie et des provinces héréditaires des Habsbourg ; le gouvernement
du pays dépend en fait de la chancellerie de Vienne. Les Habsbourg implantent
des colonies venues de tous les points de l'Empire. Marie-Thérèse (1740-1780), qui s'appuie elle aussi sur les magnats,
enferme la Hongrie dans un système douanier très favorable à
l'Autriche. Joseph II (1780-1790) tente de moderniser le pays, mais sa
politique centralisatrice et germanophile se heurte à l'opposition
grandissante des Hongrois. Si bien que Léopold II (1790-1792) reconnaît à la Hongrie la spécificité de
ses lois et coutumes. |
Cependant,
la peur de la Révolution française rassemble la noblesse hongroise autour de
l'empereur François II (François Ier de Hongrie) [1792-1835]. Tandis que les idées libérales
et nationales se répandent dans les milieux intellectuels, grâce à l'abbé
Ignać Martinovics, le livre du comte I. Széchenyi (1830) – le Crédit – met en
accusation tout le système féodal. |
Sous Ferdinand Ier (1835-1848),
le courant réformiste et national se renforce avec Ferenc Kölcsey, Ferenc
Deák et surtout Lajos Kossuth, qui exige l'égalité devant la loi et devant
l'impôt ainsi que la suppression des privilèges. |
Pour en savoir plus, voir
l'article révolutions européennes de 1848. |
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7. LES
GRANDS MOUVEMENTS NATIONAUX (1848-1867) |
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En
mars 1848, l'Autriche, cédant sous la pression de la révolution, nomme Lajos Batthyány Premier
ministre et unit la Transylvanie à une Hongrie royale devenue autonome
(16 mars). Mais, en Croatie, Jelačić, encouragé par Vienne, organise une armée, qui envahit la
Hongrie. Cette dernière se dote d'un Comité national de défense, dirigé
par Lajos Kossuth, qui bat les troupes de Jelačić
(29 septembre). |
Cependant,
les Autrichiens, qui ont mis fin à la révolution à Vienne, envahissent la
Hongrie en décembre 1848 et occupent Pest en janvier 1849. Au printemps, les
troupes autrichiennes sont refoulées, et, le 14 avril, le Parlement
hongrois décide la déchéance des Habsbourg et élit Lajos Kossuth
président-gouverneur (14 avril) sans que la république ne soit
proclamée. François-Joseph appelle alors à l'aide le tsar Nicolas Ier, dont les troupes battent les Hongrois à Világos (13 août). Une
dure répression s'instaure ; le pays, découpé, est dirigé de Vienne, qui
impose l'allemand comme langue officielle. |
Cependant, sa défaite
militaire en Italie (1859) oblige François-Joseph à réviser sa politique en
Hongrie. Le « Diplôme d'octobre » (1860) réorganise l'Empire dans
un esprit fédéral. Mais la « patente » de février 1861 marque un
retour à la centralisation, et le Parlement hongrois est dissous. La défaite
autrichienne devant la Prusse (→ bataille de Sadowa, 1866) amène
l'empereur-roi à nommer un gouvernement hongrois dirigé par Gyula Andrássy.
Le « Compromis » de 1867 crée une double monarchie
austro-hongroise. |
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8. LE
DUALISME AUSTRO-HONGROIS (1868-1918) |
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L'Empire
est partagé, de part et d'autre de la Leitha, entre l'Autriche, ou Cisleithanie, et la Hongrie, ou Transleithanie qui comprend de nombreuses populations non magyares en
Transylvanie (Roumains) et en Croatie-Slavonie notamment. |
En
Hongrie, l'absolutisme est tempéré par la règle du contreseing ; le
pouvoir législatif est confié à deux chambres : la Chambre des magnats
et la Chambre des représentants (dominée par la noblesse). L'Autriche et la
Hongrie restent liées par la dynastie, par les affaires communes. Il y a en
effet un ministère d'Empire (Affaires étrangères, Finances, Guerre), dont les
ministres sont contrôlés par deux Délégations de soixante membres chacune,
délibérant séparément, sauf exception, et alternativement à Vienne et à Pest. |
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Comme
le droit de vote n'appartient qu'aux propriétaires et aux fonctionnaires,
presque tous magyars (1 200 000 sur 20 millions en 1914), il
n'y a en Hongrie guère d'évolution vers la démocratie. |
Kálmán
Tisza, au pouvoir de 1875 à 1890, pratique une
politique de magyarisation qui finira par provoquer des troubles, surtout
chez les Slaves du Sud. En 1868, un compromis avait établi l'union
personnelle entre la couronne de Hongrie et la couronne de Croatie-Slavonie,
ce dernier pays jouissant d'une certaine autonomie ; mais l'accord n'est
pas respecté et les Croates sont opprimés. Les politiciens hongrois, faisant
assaut de nationalisme, réclament que le magyar soit employé comme langue de
commandement dans l'armée de la double monarchie, ce qui provoque une
détérioration des relations avec Vienne, jusqu'au jour où François-Joseph menace les
magnats du suffrage universel. |
Ce
n'est pas sans hésitation que la Hongrie se range aux côtés de l'Autriche
dans la Première Guerre mondiale. Les défaites amènent la fin du dualisme austro-hongrois. Le
23 octobre 1918 se constitue un Conseil national, composé des partis de
l'Indépendance, social-démocrate et radical. Après des émeutes à Budapest
(28 octobre), l'archiduc Joseph, représentant du roi Charles (1916-1918), refusant de
confier le pouvoir au chef de l'opposition, le comte Mihaly Károlyi, le Conseil
national prend le pouvoir dans la nuit du 30 au 31 octobre. La
république est proclamée le 16 novembre 1918. |
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9. LA
HONGRIE APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE |
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9.1.
LA BRÈVE RÉPUBLIQUE DES CONSEILS |
La
première République hongroise, dirigée par Károlyi, est affrontée à une
situation catastrophique, qui provoque un mécontentement dont bénéficie le
parti communiste hongrois, formé le 24 novembre. Le 20 février
1919, à la suite d'une manifestation ouvrière qui se transforme en bataille
sanglante, le parti communiste est dissous. Le gouvernement Károlyi, ne
voulant pas entériner les frontières telles que les Alliés les ont fixées,
démissionne le 20 mars. |
Se constitue alors une
République des Conseils (21 mars), dirigée par les communistes et qui
nationalise l'industrie et les grandes propriétés terriennes. La nouvelle
Constitution (2 avril) attribue le pouvoir législatif à l'Assemblée
nationale des Conseils ouvriers, paysans et militaires, et le pouvoir
exécutif au Conseil exécutif révolutionnaire des commissaires du peuple,
présidé par Béla Kun. Mais l'armée rouge hongroise échoue dans son
offensive contre les Roumains, qui ont envahi le pays. Le Conseil
révolutionnaire doit démissionner (1er août) : la République des
Conseils aura duré 133 jours. |
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9.2.
CONTRE-RÉVOLUTION ET FASCISME |
En janvier 1920, est élu un
parlement dominé par les conservateurs de l’Union nationale chrétienne et les
agrariens du parti des Petits Propriétaires. La monarchie est rétablie et le
contre-amiral Miklós Horthy devient régent de ce « royaume
sans roi ». Une violente répression s’abat sur les communistes et les
socialistes, une législation d’exception étant adoptée à l’égard des juifs.
Le 1er mars, la Hongrie rompt officiellement ses liens avec l’Autriche. |
La paix de Trianon (4 juin)
entérine la perte de la Slovaquie, de la Ruthénie, de la Transylvanie, de la
Croatie, de Fiume et du Banat, ferment de l'irrédentisme et du nationalisme
hongrois. En réponse à deux tentatives de restauration de Charles IV (Charles Ier d'Autriche) – mars et
octobre –, les Habsbourg sont définitivement écartés du trône
(novembre). En 1927, le gouvernement hongrois dirigé par le
conservateur István Bethlen depuis 1921, signe un traité d'amitié avec l'Italie
dans l'espoir d'obtenir la révision du traité de Trianon. |
Après
1932, la nomination au poste de Premier ministre de G. Gömbös, un officier
ultranationaliste affichant sa sympathie pour les orientations de Mussolini
et de Hitler auxquels il rend visite, entraîne un rapprochement avec l’Italie
fasciste puis avec l’Allemagne nazie. Après la mort de Gömbös en 1936, cette
politique est globalement poursuivie par son successeur Kálmán Darányi. On
assiste alors à une poussée de l'extrême droit représentée par Ferenc Szálasi, fondateur en
octobre 1937 du parti pronazi des Croix-Fléchées. |
Le
8 mai 1938, Darányi doit céder la place à Béla Imrédy, qui, lors du
démembrement de la Tchécoslovaquie, obtient la restitution d'une partie de la
Slovaquie (2 novembre). Imrédy, en février 1939, signe une loi
antisémite et adhère au pacte anti-Komintern. Mais il est remplacé par le conservateur antinazi Pál Teleki, qui fait occuper la
Ruthénie (19 mars). Le 30 août 1940, la Hongrie obtient la
restitution du nord de la Transylvanie par la Roumanie mais doit rejoindre
(20 novembre) avec cette dernière et la Slovaquie le pacte tripartite
(Allemagne, Italie, Japon). |
L'armée
allemande ayant traversé la Hongrie sans son accord pour attaquer la
Yougoslavie, Teleki se suicide. Son successeur, László Bárdossy, déclare la
guerre à l'URSS (27 juin 1941). Mais, dès mars 1942, le gouvernement de
Miklós Kállay, qui veut se retirer de la guerre, prépare une paix séparée.
Aussi l'Allemagne occupe-t-elle la Hongrie (19 mars 1944) et
impose-t-elle Döme Sztójay, qui applique une législation antisémite et est
bientôt révoqué par Horthy (24 août), qui nomme Géza Lakatós, chargé de
préparer l'armistice. Les Allemands obligent Horthy à démissionner et
imposent les Croix-Fléchées de Szálasi, qui instaurent un régime de terreur. |
En
décembre 1944, l'Armée rouge encercle Budapest, et le gouvernement de Szálasi
s'enfuit en Allemagne. Le 22 décembre, les partis et organisations ayant
constitué le Front national hongrois forment un gouvernement provisoire, qui
signe le 20 janvier 1945 le nouvel armistice. |
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10. LA
HONGRIE SOCIALISTE |
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10.1.
L'INSTAURATION DU RÉGIME COMMUNISTE |
Favorisé
par la présence de l'Armée rouge, le parti communiste, dont les effectifs
avaient toujours été très réduits et qui avait été victime d'une terrible
persécution sous la Régence, se reconstitue. Le 15 mars 1945, la loi de
réforme agraire distribue à 660 000 paysans environ
1 800 000 hectares. En novembre 1945, un accord économique
soviéto-hongrois prolonge les réquisitions du temps de guerre par la mainmise
sur l'économie hongroise. Les Magyars doivent se contenter des frontières de
1920, mais ils expulsent les 500 000 Allemands de leur pays. |
|
Les
élections de novembre 1945 assurent la victoire des agrariens (56 % des
suffrages). Le parti communiste, qui n'a obtenu que 17 % des voix,
continue à participer au ministère, gardant l'Intérieur, dont le contrôle
permet de préparer l'arrivée au pouvoir. La république est proclamée (février
1946) ; Zoltán Tildy (agrarien) devient président de la République, et
Ferenc Nagy (agrarien) président du Conseil. |
Les communistes provoquent la
formation d'un bloc de la gauche au sein du Front national (mars 1946) ;
de gré, puis de force, ils obtiennent l'épuration du parti agrarien ;
Ferenc Nagy doit démissionner (août 1947). Les élections d'août 1947 donnent
22 % des voix au parti communiste, mais 60 % à la coalition qu'il
dirige. En juin 1948, le parti communiste fusionne avec les socialistes de
gauche pour former le parti des Travailleurs hongrois. Les entreprises
occupant plus de 100 personnes sont nationalisées. La lutte contre le
clergé catholique s'accentue. Dès 1946, le cardinal Mindszenty, primat
de Hongrie, a protesté contre la proclamation de la république. Peu après, le
gouvernement a décidé la séparation de l'Église et de l'État, a laïcisé
l'état civil et le mariage. En 1948, il sécularise les écoles et nationalise
les biens du clergé, qui reçoit désormais un traitement. En février 1949, le
primat est condamné à la prison perpétuelle pour complot et espionnage. |
Le
ministre de l'Intérieur, Rajk, organise les élections de mai 1949 avec liste unique, et
les partis bourgeois achèvent bientôt de disparaître. Le secrétaire général
du parti communiste, Rákosi, proclame la République populaire hongroise le 20 août
1949 et présente le premier plan quinquennal (1950-1954). Le procès et
l'exécution de Rajk (septembre-octobre 1949) marquent le début d'une grande
épuration dirigée contre les « titistes ». En août 1952, Rákosi
ajoute à ses pouvoirs de secrétaire général ceux de chef du gouvernement. |
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10.2.
L'INSURRECTION DE BUDAPEST ET L'INTERVENTION SOVIÉTIQUE |
Mais
la déstalinisation se fait sentir en Hongrie : le 4 juillet 1953,
Rákosi est remplacé au gouvernement par Imre Nagy, qui annonce « un nouveau cours » et proclame une
amnistie. Le libéralisme mitigé de Nagy rencontre l'hostilité d'une partie de
l'appareil du parti, toujours dirigé par Rákosi, et, le 18 avril 1955,
Nagy est relevé de ses fonctions. L'opinion ne l'admet pas, et les envoyés du
Kremlin (Mikoïan et Souslov) ainsi que les
dirigeants les plus conservateurs du parti communiste doivent lâcher du
lest : en mars 1956, alors que les crimes de Staline viennent d'être
condamnés par Khrouchtchev (février), Rajk est réhabilité. L'union des écrivains
et le cercle Petőfi entretiennent l'hostilité contre Rákosi, qui
démissionne le 18 juillet 1956 et est remplacé par l'un de ses proches,
Ernő Gerő. |
L'« Octobre
polonais » (retour au pouvoir en Pologne du réformateur Gomułka) encourage les
contestataires. Le 23 octobre, une manifestation gigantesque de solidarité
avec les Polonais a lieu devant le Parlement et des émeutes éclatent devant
la Radio. Pour contrer l’insurrection naissante, les troupes soviétiques sont
appelées en renfort des forces de la Sûreté de l’État (AVH) alors qu'Imre
Nagy est renommé au poste de Premier ministre (24 octobre 1956). Le
lendemain, Ernő Gerő est remplacé par János Kádár à la tête du
parti communiste. |
Plus
favorable à la répression, János Kádár s’oppose finalement au gouvernement de
coalition d’Imre Nagy. Ce dernier annonce des réformes démocratiques mais
reste soumis à la pression, d’une part, des conseils ouvriers qui prennent la
tête de mouvements de grève, alliés aux comités révolutionnaires qui se sont
multipliés y compris dans l’État, d’autre part, des Soviétiques dont il
cherche à obtenir l’évacuation avant d’annoncer le retrait de la Hongrie du
pacte de Varsovie (1er novembre). |
Entre
le 29 et 31 octobre, le maréchal Youkov est chargé de renverser le cours
des événements dans le pays et le 4 novembre, les troupes soviétiques
investissent Budapest. Après une semaine de résistance, l’insurrection est
écrasée. La répression fait de nombreuses victimes et entraîne l’exil de
quelque 200 000 Hongrois. Parmi les condamnés à mort, Imre Nagy et
ses plus proches partisans, jugés secrètement, sont exécutés le 16 juin
1958. |
Pour en savoir plus, voir
l'article insurrection de Budapest. |
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10.3.
L'ÉVOLUTION APRÈS LA NORMALISATION : LE « KADARISME » |
Secrétaire
général du parti communiste (parti des Tavailleurs reconstitué en 1956 sous
le nom de parti socialiste ouvrier hongrois) et chef du gouvernement depuis
novembre 1956, János Kádár est remplacé à ce dernier poste, en 1958, par Ferenc
Münnich. En 1961, il cumule de nouveau les charges de secrétaire général du
parti et de président du Conseil ; en 1965, un « kadariste »
éprouvé, Gyula Kállai, vice-président depuis 1960, lui succède à la tête du
gouvernement. Quant au chef de l'État (président du Conseil
présidentiel), István Dobi (de 1952 à 1967), il exerce sa charge honorifique dans
l'ombre de Kádár. |
Dans
le même temps, la Hongrie s'engage sur la voie de la déstalinisation. Associé
à la répression qui suit l’insurrection de Budapest, le
« kadarisme » évolue à partir des années 1960 vers une ouverture
pragmatique mais partielle du régime, ponctuée de phases de durcissement. |
Ainsi,
en 1962, le VIIIe Congrès
du parti socialiste ouvrier hongrois écarte les dirigeants les plus
staliniens et conservateurs, et une large amnistie est décrétée en 1963. Au
début de 1967, Kádár instaure un nouveau système électoral : à la place
de la division du corps électoral en 20 circonscriptions à plusieurs
sièges, où l'électeur ne pouvait que voter en bloc pour la liste proposée, le
pays est divisé en 349 circonscriptions d'un siège, l'électeur pouvant
choisir parmi plusieurs candidats tous issus toutefois du « Front
patriotique populaire » dominé par le parti. |
Les élections de 1967 sont
suivies, le 14 avril, d'un remaniement gouvernemental. Tandis que Pál
Losonczi remplace István Dobi comme chef de l'État, Gyula Kállai quitte la
présidence du Conseil pour celle de l'Assemblée nationale. Mais les réformes touchent
pour l’essentiel le système économique dont les règles sont modifiées à
partir de 1968 avec une révision de la planification centralisée et une
autonomie accrue des entreprises. Cette tâche est confiée à Jenő Fock,
chef du gouvernement de 1967 à 1975. Outre l'amélioration du niveau de vie,
la plus grande coopération économique avec l'Occident, l'accord avec le
Vatican rétablissant la hiérarchie catholique le 23 janvier 1969
– ainsi que le départ du cardinal Mindszenty (réfugié à
l'ambassade des États-Unis depuis l'intervention soviétique de 1956) pour
Rome le 28 septembre 1971 puis pour l'Autriche – favorisent la
libéralisation. En mars 1969, les conseils locaux sont transformés en
« organes autonomes socialistes », disposant aussi d'une certaine
autonomie financière. L'influence des syndicats se développe, et leur
secrétaire général participe au Conseil des ministres. |
En
1975, Jenő Fock est remplacé, à la tête du gouvernement, par György
Lázár, János Kádár restant à la tête du parti et Pál Losonczi chef de l'État.
Après la crise économique internationale de 1973, l’échec des mesures de
recentralisation conduit finalement le gouvernement à accentuer sa politique
d'ouverture vers l'Occident et les réformes structurelles dont la
légalisation des petites entreprises privées en 1982. |
Pour en savoir plus, voir
l'article Hongrie : vie politique depuis 1989. |
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https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Hongrie_histoire/187687 |
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