Le comte de Saint-Germain |
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Le comte de Saint-Germain apparut un jour à la cour du roi de
France et jamais il ne voulut rien révéler de son âge, de sa famille, ou de
ses origines. Lors de ses voyages et de ses rencontres, il se présentait sous
diverses identités, dont celle du comte de Saint-Germain, qui est restée la
plus célèbre. Voici son histoire, ou du moins ce que l’on en sait. |
De 1737 à 1742, le comte de Saint-Germain se serait trouvé à la
cour du Shah de Perse, où il y aurait appris de nombreux secrets. Alors qu’il
était à Vienne, en Autriche, le comte de Belle-Isle, alors en proie à une
mystérieuse maladie, fut présenté au comte de Saint-Germain, un homme dont
personne n’avait jamais entendu parler. Lorsqu’il revint de Prague, le
maréchal de Belle-Isle était accompagné du comte, lequel l’avait
miraculeusement guéri et, pour le remercier de ses services, il l’introduisit
à la cour. Là, le comte de Saint-Germain se lia rapidement d’amitié avec la
marquise de Pompadour, qui le présenta au roi Louis XV en décembre de l’année
suivante. À ce moment-là, le comte vivait à Londres, en Angleterre,
fréquentant la haute noblesse et se distinguant par ses talents exceptionnels
de violoniste. Au cours de l’automne 1744, le roi, qui avait été fortement
impressionné par le comte de Saint-Germain, lui demanda de guérir sa
favorite, Mme de Châteauroux, victime d’un empoisonnement. Malheureusement,
rien ne put la sauver. Un peu plus tard, l’écrivain britannique Horace
Walpole rapporta dans l’une de ses lettres qu’un homme étrange résidant à
Londres depuis deux ans connaissait quelque différent avec la justice. Cet
homme, qui se faisait appeler le comte de Saint-Germain, avait avoué porter
un nom d’emprunt, mais il refusait de décliner sa véritable identité.
Soupçonné d’espionnage, le comte de Saint-Germain avait été arrêté, mais
comme aucune preuve n’avait pu être établie à son encontre la police s’était
contentée de l’assigner à résidence. Durant toute cette période, le comte
fréquenta assidûment la cour de Vienne. Il allait d’ailleurs s’y rendre
régulièrement tout au long de sa vie. |
Le maréchal de Belle-Isle, Mme dePompadour et Louis XV |
En 1746, le comte de Saint-Germain disparut pendant trois ans.
La rumeur le disait aux Indes ou en Perse mais peut-être était-il sur ses
terres, en Allemagne, s’adonnant à sa grande passion, la chimie. En 1749, le
comte réapparut en France et Louis XV, qui semblait lui vouer une véritable
admiration, lui confia quelques missions diplomatiques qu’il réussit
brillamment. Par la suite, le comte de Saint-Germain fit un voyage en Inde,
comme l’indique l’une de ses lettres: » Je dois ma connaissance dans la
fusion des bijoux à mon deuxième voyage en Inde, en 1755, avec le général
Clive, qui était sous le vice-amiral Watson. Lors de mon premier voyage, je
n’avais qu’une idée très vague du merveilleux secret dont nous parlons.
Toutes les tentatives que j’ai faites à Vienne, Paris et Londres sont sans
valeur comme expériences; le grand travail a été interrompu au moment où je
l’ai mentionné « . |
À son retour en France, en 1758, le comte de Saint-Germain
adressa une requête au marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi,
demandant qu’une maison royale soit mise à sa disposition afin qu’il puisse y
installer un laboratoire de chimie, promettant à Louis XV la plus riche et la
plus rare des découvertes. Tout d’abord sceptique, le ministre lui attribua
finalement le château de Chambord et le comte y installa ses assistants, ses
ouvriers et son laboratoire. Au cours de plusieurs séjours, il expérimenta de
nouvelles teintures alliant la chimie et l’alchimie, mais également des
verres de couleur, des pierres précieuses artificielles et des colorants.
Puis, contre toute attente, en décembre de la même année, la manufacture de
Chambord, ferma ses portes. Pourtant, le comte de Saint-Germain semblait
avoir connu quelque réussite dans ses recherches comme semblait le prouver la
magnifique collection de portraits de femmes sertis de pierreries qu’il
conservait chez lui. Il avait découvert un procédé permettant de fabriquer
des couleurs extraordinaires et il s’en servait dans les tableaux qu’il
peignait. De nombreux artistes célèbres lui en avaient demandé le secret mais
jamais le comte n’avait voulu le révéler. |
Quand il ne séjournait pas à Chambord, le comte de Saint-Germain
vivait à Paris, chez son ami le maréchal de Belle-Isle. Il fréquentait
assidûment les bals, les fêtes et les dîners de la haute société
aristocratique parisienne où il s’était rapidement fait remarquer. Le comte
était décrit comme un homme d’une cinquantaine d’années, mince, de taille
moyenne, aux cheveux noirs et à la peau mate. » Il ressemble à un
espagnol de haute naissance « , écrivait l’un de ses contemporains. |
Le comte de Saint-Germain entretenait une image mystérieuse,
refusant obstinément de révéler son âge, son lieu de naissance, son véritable
nom ou quelque détail que ce soit sur son passé. Il se flattait de posséder
la jeunesse éternelle et se disait vieux de plusieurs siècles, ce qui amusait
son auditoire. Quand on lui demandait quel était le secret de son immortalité
le comte répondait parfois qu’il possédait la faculté d’arrêter, durant son
sommeil, les battements de son cœur et les mouvements de sa respiration.
Après que le comte de Saint-Germain eut avoué son immortalité, son valet de
chambre affirma qu’il avait partagé ce secret avec lui. Lorsqu’on lui demanda
s’il était vrai que son maitre avait été présent en Cana et en Galilée, où
Jésus-Christ avait transformé l’eau en vin, le valet de chambre répondit:
» Vous oubliez, Monsieur, que je ne suis au service du comte que depuis
un siècle « . |
Un jour, lorsque la mère de la comtesse de Genlis, qui était
alors une toute jeune fille, l’interrogea sur ses origines, le comte prit un
air mystérieux et, poussant un profond soupir, il lui répondit: |
» Tout ce que je puis vous dire sur ma naissance,
répondit-il, c’est qu’à sept ans j’errais au fond des forêts avec mon
gouverneur… et que ma tête était mise à prix! La veille de ma fuite, ma mère,
que je ne devais plus revoir, attacha son portrait à mon bras! « . Les
yeux de la jeune comtesse s’emplirent alors de larmes et, en voyant celà, le
comte parut s’attendrir. » Je vais vous le montrer « , reprit-il.
A ces mots, il retroussa sa manche, et détacha un bracelet en émail représentant
une très belle femme. Lorsque le comte prit congé, la jeune comtesse entendit
sa mère rire de ces affirmations, qui sous-entendaient qu’il était le fils
d’un roi. |
Le comte se vêtait avec une élégante simplicité, mais il se
montrait toujours couvert de pierreries. Il en avait à ses doigts, sur sa
tabatière, à sa montre, et parfois même sur son col, sur sa poitrine ou à ses
boucles de souliers. Il changeait constamment de bijoux mais n’en portait
jamais de médiocres ou d’ordinaires et Mme de Pompadour, contemplant sa tenue
en une certaine occasion, lui avait dit qu’elle ne croyait pas que le roi eût
d’aussi belles pierres. Tout le monde ignorait d’où il tenait une telle
fortune, ce qui attisait la curiosité, mais si le comte de Saint-Germain
intriguait, il fallait néanmoins se garder de médire de lui en présence de
Louis XV ou de Mme de Pompadour, qui le tenaient en grande estime. |
Un jour, intrigué, le baron de Gleichein lui posa la question
qui brûlait toutes les lèvres: » Mais d’où proviennent des pierres
aussi belles, aussi rares? « . Ce à quoi Saint-Germain répondit: »
Les plus petites m’ont été offertes par les rajas et les mages de l’Inde;
quand aux plus grosses, c’est moi qui les ai fabriquées « . |
Lors d’une discussion entre Mme de Pompadour, quelques seigneurs
et le comte de Saint-Germain, du secret qui faisait faire disparaitre les
taches des diamants, Louis XV fit apporter un diamant médiocre qu’une tâche
gâchait. On le fit peser, et le roi dit au comte: » Il est estimé à six
mille livres mais il en vaudrait dix sans la tache. Voulez-vous vous charger
de me faire gagner quatre mille francs? « . Après l’avoir attentivement
examiné, Saint-Germain répondit: » Cela est possible, et dans un mois,
je le rapporterai à Votre Majesté. « . Un mois plus tard, le comte
rapportait au roi sidéré un diamant pur. Le comte de Saint-Germain affirmait
connaitre le secret de la fusion des diamants, de telle sorte qu’il pouvait
en faire un grand de dix ou douze petits, sans perdre une parcelle de leur
poids et il se flattait également de savoir faire grossir les perles.
Casanova, qui fit la connaissance du comte de Saint-Germain en 1757, à Paris,
rapportait qu’à une occasion, le comte lui avait demandé une pièce de cuivre
de quelques sols qu’il avait posée sur une sorte de graine noire. Puis il
avait soufflé dessus avec une pipette en verre avant de déposer le tout sur
un charbon ardent. Une fois refroidie, la pièce s’était changée en une pièce
d’or. |
Le comte de Saint-Germain semblait pourvu de tous les talents.
En société, il était toujours sollicité pour se faire entendre. Quand il
jouait du clavecin, du violon ou lorsqu’il se mettait à chanter, il plongeait
son auditoire en extase. Il était un ambidextre parfait et il pouvait le
prouver en écrivant en même temps deux feuilles identiques, l’une de la main
droite, l’autre de la main gauche, dont les écritures se superposaient
admirablement quand on les comparait par transparence sur une vitre. Le comte
semblait également avoir reçu une éducation des plus brillantes. Non
seulement il était un chimiste et un alchimiste accompli, mais il composait
aussi de la musique, peignait et parlait allemand, anglais, italien,
portugais, espagnol, français, grec, latin, sanscrit, arabe et chinois. Ses
manières étaient raffinées, ses conversations fascinantes et ses
extraordinaires connaissances en histoire ravissaient ses auditeurs. Dans ses
mémoires, Casanova racontait que le comte parlait avec une aisance et un
charme qui le captivaient. |
Grimm, célèbre pour ses Contes, disait à propos de lui qu’il
» avait le talent de rappeler dans la conversation les événements les
plus importants de l’histoire ancienne et de les raconter comme on raconte
l’anecdote du jour, avec les mêmes détails, le même degré d’intérêt et de
vivacité « . |
La comtesse de Genlis et Mme du Hausset |
Mme du Hausset, qui était la femme de chambre de Mme de
Pompadour, la Favorite du roi, donnait sur lui, dans ses Mémoires, de fascinantes
anecdotes. Elle rapportait qu’il était capable de décrire les personnages du
temps passé et leurs époques aussi précisément que s’il les avait lui-même
connus. |
» Madame lui dit en riant: |
– Il semble que vous avez vu tout cela. |
-J’ai beaucoup de mémoire, et j’ai beaucoup lu l’histoire de
France. Quelquefois je m’amuse non pas à faire croire mais à laisser croire
que j’ai vécu dans les plus anciens temps. |
-Mais enfin, vous ne dites pas votre âge, et vous vous donnez
pour fort vieux. La comtesse de Gergy, qui était, il y a cinquante ans, je
crois, ambassadrice à Venise, dit vous y avoir connu tel que vous êtes
aujourd’hui. |
-Il est vrai, Madame, que j’ai connu, il y a longtemps, Mme de
Gergy. |
-Mais, suivant ce qu’elle dit, vous auriez plus de cent ans à
présent? |
-Cela n’est pas impossible, dit-il en riant. Mais je conviens
qu’il est encore plus possible que cette dame, que je respecte, radote. |
-Vous lui avez donné, dit-elle, un élixir surprenant par ses
effets; elle prétend qu’elle a longtemps paru n’avoir que vingt-quatre ans.
Pourquoi n’en donneriez-vous pas au roi? |
-Ah! Madame, dit-il avec une sorte d’effroi, pour que je m’avise
de donner au roi une drogue inconnue, il faudrait que je fusse fou. « |
Étrangement, quand il était convié à un repas, jamais le comte
ne buvait ni ne mangeait. Il y assistait sans même déplier sa serviette et si
ses hôtes insistaient, il répondait évasivement que sa vie dépendait d’un
certain régime que personne ne pouvait connaitre que lui puis il détournait
habilement la conversation. Certains prétendaient que ce régime était
constitué de pilules, de pain et de gruau et que c’était là le secret de son
incroyable longévité. |
De religion catholique, le comte de Saint-Germain
observait ses pratiques avec une grande fidélité mais il fréquentait
également de nombreuses Sociétés secrètes comme celle des Francs-Maçons ou
des Rose-Croix. Quand Louis XV était encore un enfant, le maréchal de
Villeroy lui racontait souvent de fantastiques histoires qui enflammaient son
imagination, et il en était une qui avait tout particulièrement impressionné
le jeune roi, La disparition de Maître Dumas. Souvent le roi prenait
plaisir à la raconter, jugeant de son effet sur un auditoire conquis qui se
montrait toujours complaisant. |
Un jour qu’il la relatait en présence du comte de Saint-Germain,
celui-ci proposa de lui en faire connaitre les secrets. Le comte se mit alors
à tracer des lignes, à écrire des figures d’algèbre et d’astrologie et les
étudia avec soin. Puis il dit au roi que les ouvriers et les ingénieurs qui
avaient cherché maître Dumas devaient posséder de médiocres connaissances car
sous le plancher de la chambre, il était une trappe qui menait à un caveau.
Après y être descendu, Dumas avait avalé un puissant somnifère et ne s’était
plus réveillé. Quand Louis XV demanda si le mystérieux visiteur de maître
Dumas était bien le diable, alors le comte de Saint-Germain lui répondit:
» Sire, que Votre Majesté se fasse Rose-Croix, et je me hâterai de
soulever le dernier voile qui recouvre ce mystère. Mais, quand à présent, il
m’est impossible de répondre à la question; car, en le faisant, je
m’exposerais aux plus grands dangers « . |
Le roi se fit soudain silencieux mais Madame de Pompadour, qui
était autrement plus curieuse, écrivit au lieutenant de police. Lorsque la
chambre de maître Dumas fut fouillée, l’on découvrit la trappe et l’escalier
qui descendait dans la chambre souterraine tels que le comte les avait
décrits. Au milieu d’un grand nombre de livres et d’instruments de chimie et
d’astrologie, gisait maître Dumas, encore vêtu de ses habits d’autrefois. A
ses côtés, un flacon de cristal brisé contenait encore un peu d’opium. |
Le duc de Choiseul |
Si le comte de Saint-Germain possédait de nombreux admirateurs
et quelques illustres disciples tels que Cagliostro ou Goethe, il s’était
également fait de puissants ennemis. Ainsi le duc de Choiseul, ministre des
Affaires Étrangères, le détestait-il pour l’intimité suspecte qu’il
entretenait avec Louis XV. Aussi, espérant se débarrasser de l’importun,
Choiseul décida-t-il de lancer une campagne afin de ternir sa réputation. |
Dans ce but, il engagea un comédien du nom de Gauve et lui
ordonna d’imiter le comte de Saint-Germain et de faire passer pour lui. Gauve
se mit alors à courir les salons parisiens sous l’identité du comte,
racontant les histoires les plus invraisemblables: il avait bu avec Alexandre
le Grand, il avait connu Jésus et lui avait prédit une fin abominable etc…
Mais l’imposteur fut rapidement démasqué et la supercherie dévoilée.
Contrairement à ce qu’espérait le duc de Choiseul, le comte de Saint-Germain
n’en sortit pas ridiculisé, mais grandi. |
Cependant le duc allait parvenir à ses fins. En 1760, Louis XV,
souhaitant mettre un terme à une guerre qui s’éternisait, mandata le comte de
Saint-Germain pour qu’il engage des pourparlers de paix secrets avec
l’Angleterre à Amsterdam. Pendant qu’il se trouvait au Pays-Bas, le duc de
Choiseul intercepta tous les courriers du comte et il parvint à convaincre le
roi de sa traitrise. |
Accusé d’espionnage, tombé en disgrâce, le comte de
Saint-Germain se réfugia à Londres pendant trois mois. A l’occasion de son
retour en Angleterre, la presse lui consacra de nombreux articles, dont celui
du London Chronicle:
» En toute justice nous pouvons dire
que cet homme doit être considéré comme un étranger inconnu mais inoffensif.
Il a des ressources dont la provenance est inexplicable mais qui lui
permettent de mener grand train. venant d’Allemagne, il parvint en France
avec la réputation éclatante d’un alchimiste qui possède la poudre secrète
et, de ce fait, la médecine universelle. On murmura que l’étranger pouvait
faire de l’or. Le pied sur lequel il vit parait confirmer cette rumeur « . |
En 1962, las de la vie londonienne, le comte visita son ami le
peintre italien Pietro Rotari à Saint-Pétersbourg puis il retourna au
Pays-Bas où il acheta un domaine à Ubbergen, afin de se consacrer à des
travaux sur les teintures et les porcelaines. |
En mars 1763, à Bruxelles, le comte fit la connaissance de M. de
Cobenzl, le représentant de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche.
Enthousiasmé par ses découvertes, Cobenzl lui fit installer une manufacture à
Tournai, en Belgique. Le comte y supervisait la fabrication, notamment celle
de chapeaux, à grande échelle. |
Entre 1765 et 1773, le comte de Saint-Germain se montra à
Bruxelles et en Hollande. En 1773, le comte de Lamberg le côtoya à Venise
durant plusieurs mois et il dit de lui qu’il était: » immuablement
riche, toujours le même âge et de plus en plus mystérieux « . Par la
suite, on le signala successivement à Sienne, à Milan, à Gênes et à
Nuremberg. Alors qu’elle séjournait à Sienne, en Italie, la comtesse de
Genlis entendit dire que le comte était un homme d’une cinquantaine d’années,
le même âge qu’on lui donnait depuis toujours. |
A la suite du décès de Louis XV, en mai 1774, le comte de
Saint-Germain visita la comtesse d’Adhémar qui le reconnut » tel
qu’elle l’avait vu naguère, frais, bien portant, presque rajeuni « . Une
quinzaine d’années s’étaient pourtant écoulées. |
Dans ses Souvenirs, elle lui consacra un long paragraphe. Elle relatait, entre
autres, la transmutation d’une pièce d’argent en or que fit Saint-Germain
devant son premier mari, le marquis de Valbelle. Dans un autre chapitre, la
comtesse d’Adhémar rapportait la visite du comte qui voulait alors prévenir
le roi Louis XVI des malheurs à venir et de la Révolution française: « Ce règne lui sera funeste… Il se forme une conspiration
gigantesque qui n’a pas encore de chef visible, mais il paraîtra avant peu.
On ne tend à rien moins qu’à renverser ce qui existe, sauf à le reconstruire
sur un nouveau plan. On en veut à la famille royale, au clergé, à la
noblesse, à la magistrature. Cependant, il est temps encore de déjouer
l’intrigue: plus tard ce serait impossible « . |
La comtesse d’Adhémar et Marie-Antoinette |
Au cours de cette visite, la comtesse d’Adhémar introduisit
discrètement le comte de Saint-Germain auprès de la reine Marie-Antoinette,
et elle fut témoin de ses étonnantes révélations: » Le parti
encyclopédiste veut le pouvoir, il ne l’obtiendra que par l’abaissement total
du clergé, et pour parvenir à ce résultat, il bouleversera la monarchie
« . |
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Le comte prédit également le rôle du duc de Chartes et sa fin
funeste: » on lui proposera la couronne de France, et l’échafaud lui
tiendra lieu de trône » ainsi qu’une guerre civile et » une
république avide dont le sceptre sera la hache du bourreau « . |
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Après avoir écouté ses prédictions, la reine Marie-Antoinette
proposa au comte de rencontrer Louis XVI mais quand elle en parla au roi,
celui-ci voulut tout d’abord demander conseil à Maurepas, son principal
ministre. En apprenant le retour du comte de Saint-Germain, Maurepas ordonna
son arrestation immédiate mais le comte échappa, d’une mystérieuse façon, aux
poursuites de la police. |
Deux ans plus tard, le comte de Saint-Germain était installé à
Leipzig, en Allemagne. En mai 1777, il écrivit à Frédéric II, roi de Prusse,
pour lui proposer son savoir-faire en matière de fabrication de teintures,
métaux rares et pierres précieuses. Le comte resta un an à Berlin,
fréquentant la cour et les soirées mondaines de Mme de Troussel puis il émit
le souhait de rencontrer le prince Charles de Hesse-Cassel, passionné
d’ésotérisme, qui habitait au château de Gottorp, au nord de l’Allemagne. Le
prince allait l’accueillir de 1779 à 1784. Durant cette période, le comte de
Saint-Germain enseigna son savoir au prince de Hesse-Cassel, lui apprenant
l’embellissement des couleurs, l’amélioration des métaux et des pierres
précieuses, tout en évitant soigneusement de fabriquer de l’or, même si
apparemment, il le pouvait. Il lui transmit également ses connaissances sur
la nature et les herbes qui » prolongeaient la vie et la santé « . |
Parallèlement à son enseignement, le comte de Saint-Germain mit
au point un thé de longue vie, qu’il distribuait gratuitement aux pauvres
mais vendait aux riches. |
Au cours de l’année 1783, le comte prévint le prince de sa
disparition prochaine et le 27 février 1784, le comte de Saint-Germain
décédait d’une attaque de paralysie. Les obsèques eurent lieu en l’église
Saint-Nicolas le 2 mars 1784 et sa dépouille fut déposée dans le caveau de la
chapelle Saint-Roch. |
Alors que les journaux relatait la mort du comte, Etteilla
affirma que le comte de Saint-Germain, dont il était le disciple depuis vingt
ans, vrai cabaliste et magicien hermétiste, était toujours en vie, qu’il
habitait en Amérique et se portait à merveille. L’année suivante, la comtesse
de Genlis interrogea le Prince de Hesse au sujet du comte de Saint-Germain,
et le prince eut la bonté de répondre à ses questions. Il lui apprit qu’à sa
mort, le comte n’avait l’air ni vieux, ni brisé par l’âge mais qu’il
paraissait consumé par une insurmontable tristesse. Il avait montré en
mourant d’horribles terreurs, des terreurs telles que sa raison en avait été
altérée. Un siècle plus tard, lorsque des Théosophes firent ouvrir le caveau
du comte de Saint-Germain, ils constatèrent qu’il était strictement vide.
Après sa mort, de nombreux témoins rapportèrent avoir vu le comte de
Saint-Germain, parmi lesquels la comtesse d’Adhémar, qui l’avait bien
connu. Ainsi en 1821 écrivait-elle: » J’ai vu Saint-Germain à
nouveau, à chaque fois à mon grand étonnement « . |
Le comte de Saint-Germain |
Le 15 février 1785, le comte de Saint-Germain aurait assisté à
la Convention de Wilhemsbad, en Allemagne, où il se serait efforcé de
réconcilier les Rose-Croix, les Illuminés, les Kabbalistes et les
Humanitaires. La même année il se serait trouvé, selon les archives de la
Franc-Maçonnerie, à la conférence de Paris, en compagnie de Lavater,
Saint-Martin, Mesmer, Wöllner, Gleichen et Cagliostro. |
En 1788, le comte de Chalons, ambassadeur à Venise, déclara
avoir parlé au comte de Saint-Germain place Saint-Marc. La même année, le
comte de Saint-Germain adressait un prophétique poème aux vers peu
réjouissants à la reine Marie-Antoinette. En 1789, Marie-Antoinette aurait
reçu un nouveau billet du comte dans lequel il l’avertissait des complots qui
se tramaient contre la duchesse de Polignac, gouvernante de ses enfants. A la
même époque, le comte de Saint-Germain aurait envoyé un billet de rendez-vous
à Mme d’Adhémar. Le lendemain, quand la comtesse s’y rendit, elle reconnut
aisément le comte: il présentait le même visage qu’en 1760. |
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En 1789-1790, Rodolphe Graeffer aurait rencontré le comte de
Saint-Germain à Vienne et au cours de l’entretien, il aurait vu le comte de
Saint-Germain se pétrifier, puis se dé-pétrifier en quelques secondes. En
1793, l’écrivain P.-J. Grosley aurait reconnu le comte de Saint-Germain dans
une prison de la Révolution. Entre 1793 et 1821, Mme d’Adhémar aurait revu
six fois le comte de Saint-Germain. Lors de l’assassinat de Marie-Antoinette,
le 16 octobre 1793, en novembre 1799, quand Bonaparte devient Premier Consul
en novembre 1799, le 22 mars 1804, le lendemain de l’exécution du duc
d’Enghein, en janvier 1815, le 13 février 1820, la veille de l’assassinat du
duc de Berry et enfin le 12 mai 1821, le jour même de sa mort. |
En 1835, au salon de J. Janin, le comte de Saint-Germain aurait
surgi devant l’écrivain allemand Oettinger. En 1837, à Sceaux chez Mme de
Mairan, il se serait montré sous le nom du marquis de Kergouet.Dans les
années 1840, Vandam, un écrivain, l’aurait identifié en la personne du major
Fraser, un homme qui habitait rue Laffitte, partageait son temps entre le
boulevard et le Café de Paris et étonnait les habitués par son élégance et
ses histoires fantastiques. Le major Fraser semblait posséder les qualités du
comte de Saint-Germain. Il était riche, polyglotte, il faisait preuve d’une
mémoire prodigieuse et connaissait toute l’Europe. |
En 1875, H. P. Blavatsky aurait créé la Société Théosophique
sous les auspices de plusieurs maîtres, dont celle du comte de
Saint-Germain. En 1896 Annie Besant affirma avoir rencontré le comte. |
Entre 1917 et 1921, le voyant britannique Leadbeater aurait
rencontré le comte de Saint-Germain à Rome: » Nous causâmes plus d’une
heure de la société et de son avenir « . Il le décrivit comme un
homme aux yeux marrons, à la peau couleur olive, présentant une barbe en
pointe. Selon lui, la splendeur de sa présence poussait les hommes à lui
obéir. |
Il raconta également que le comte lui avait montré une robe
ayant appartenu à un empereur romain et qu’il lui avait dit que l’une de ses
résidences était un château en Transylvanie. |
Entre août 1930, l’américain Godfré Ray King aurait fait la
connaissance du comte en Californie. Il aurait, par la suite, reçu son
instruction et vécu des expériences hors du commun. Godfré Ray King fut
à l’origine du mouvement nord-américain » I Am presence » . |
En 1934, l’écrivain italien Enrico Contardi-Rhodio affirma
avoir été visité par le comte de Saint-Germain. |
En 1939, un aviateur américain aurait fait la connaissance d’un
homme étrange qui vivait parmi les bonzes d’un monastère tibétain. Cet homme
lui aurait dit: » Je suis le comte de Saint Germain, je reviendrais
bientôt en Europe « . |
Le 3 février 1945, Le Parisien Libéré rapportait l’apparition du comte de Saint-Germain sur
la Côte d’azur, en France. |
Le 14 avril 1966, François Brousse aurait rencontré le comte de
Saint-Germain à Vernet-les-Bains, en France. Le comte l’aurait initié à une
technique yoguique, et ils auraient discutés de considérations philosophiques
et de prédictions. |
En 1972, à l’occasion d’une émission télévisée, Richard
Chanfray, l’un des compagnons de la chanteuse Dalida, oubliant sa mère, femme
de ménage, et son père, camionneur, déclara être le célèbre comte de
Saint-Germain. |
Si jamais le comte de Saint-Germain relevait quelque erreur
ou quelque omission dans ce bref exposé de sa vie, qu’il n’hésite surtout pas
à me le signaler. |
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